En 2019, l’ANSM présentait un projet de recherche clinique sur le cannabis thérapeutique en tant que traitement des douleurs réfractaires. Fin juin, le CSST, chargé d’évaluer la pertinence et la faisabilité de la mise à disposition de la substance en France, a publié ses recommandations. Le point sur le premier protocole expérimental français de ce type, très encadré.
Etudier en temps réel l’efficacité du cannabis sur la douleur
Il s’agit de prescrire du cannabis thérapeutique à des patients réfractaires ou présentant des effets secondaires indésirables aux traitements contre la douleur délivrés traditionnellement. Et ce uniquement dans le cadre de cinq indications retenues : douleurs neuropathiques, certaines formes d’épilepsie pharmaco-résistantes, symptômes rebelles en oncologie (nausées, vomissements, anorexie), soins palliatifs, spasticité douloureuse de la sclérose en plaque et autres pathologies du système nerveux central.
C’est un médecin agréé qui délivrera le traitement sous ordonnance (mise à disposition de formes à effet immédiat à prolongé, selon les pathologies), et qui adaptera la posologie jusqu’à obtention de la dose minimale efficace et d’effets indésirables tolérables par le patient. Au terme de l’étude (d’ici 2022), l’analyse des données recueillies devrait permettre l’élaboration de nouveaux protocoles de soins de support.
Encadrer la délivrance du traitement très strictement
Les patients concernés seront donc suivis de très près (à partir de 2020). Cinq ratios de THC et de CBD seront mis à disposition, via une forme médicamenteuse bien identifiée et selon les cinq indications retenues : vaporisateurs à base d’huile et fleur séchées, solutions buvables et capsules d’huile entre autres. Il n’est donc pas question de délivrer un cannabis thérapeutique sous sa forme dite récréative (fleurs séchées à fumer par exemple).
Seuls les médecins et centres de traitements agréés seront autorisés à délivrer le traitement et ce jusqu’à stabilisation de l’état de chaque sujet. Ces prescripteurs participent à l’expérimentation sur la base du volontariat. Enfin, un relai auprès de la médecine de ville serait possible dès la stabilisation du patient, sous réserve d’un accord entre les intervenants.
Le cannabis, toujours prohibé
En France, la détention et la consommation de cannabis, quelle qu’en soit la forme, demeurent interdites. Seuls les produits à base de CBD, s’ils respectent certaines conditions, sont légaux et commercialisés en vente libre. Ils doivent notamment contenir moins de 0.2% de THC (substance psychoactive, donc stupéfiante) et être issus d’une variété de chanvre inscrite à la liste officielle. L’usage de cannabis thérapeutique est pourtant autorisé dans divers pays (Canada, Etats-Unis, etc.). Les actions combinées ou non des molécules THC et CBD sur certains symptômes, particulièrement la douleur, sont reconnues par la communauté scientifique internationale.
L’étude en passe d’être menée par l’ANSM constitue l’immense espoir pour des dizaines de milliers de patients français de voir leur confort de vie amélioré en toute légalité. L’espoir également d’accéder à un traitement sans opiacé, susceptible de soulager sans phénomène d’addiction ou d’accoutumance. Beaucoup d’entre eux, d’ailleurs, se tournent déjà vers l’alternative cannabis et témoignent de son efficacité tant sur le physique que sur le mental : affections chroniques dites bénignes (mal de dos, migraines, insomnie) à pathologies critiques, telles que le cancer.