Au Portugal, les producteurs de chanvre lésés par la légalisation du cannabis thérapeutique

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cannabis thérapeutique et CBD au Portugal
Légalisation du CBD au Portugal

C’est sans doute au Portugal que la filière « chanvre et CBD » rencontre le plus de difficultés. En  août 2018, le gouvernement légalise le cannabis thérapeutique et la mise en place d’une filière complète sur son territoire. Tout bascule en janvier 2019 pour les producteurs de chanvre industriel Sativa, bien installés, mais pris dans un imbroglio administratif qui n’est, a priori, pas prêt d’être résolu. Le point sur la situation portugaise.

Des chanvriers désormais soumis à une licence d’exploitation… inexistante

La légalisation du cannabis thérapeutique au Portugal en 2018, soumise à la délivrance de permis (culture et transformation), a poussé le gouvernement à mettre à jour la réglementation existante relative à l’exploitation du chanvre industriel (dit cannabis sativa). Le problème : l’INFARMED, autorité portugaise en matière de produits pharmaceutiques et de substances contrôlées, tarde à publier ses nouvelles conditions d’exploitation du chanvre et des produits dérivés, tels que le CBD. De plus, la DGAV (Direction générale de l’alimentation et des affaires vétérinaires), normalement en charge de la certification des semences, refuse de statuer seule sur la question du chanvre.  

En conséquence, pour cette année 2019, les chanvriers portugais n’ont pas été autorisés à ensemencer leurs terres. La coopérative Lusicanna, qui regroupe des cultivateurs et transformateurs de la plante, indique disposer d’un stock 250 kilos de graines désormais invalide, totalement inexploitable. Il n’y aura donc pas de récolte 2019 au Portugal.

La régulation de la filière cannabis thérapeutique, elle, est opérationnelle. Elle concerne la culture, l’extraction des molécules, la production/commercialisation de produits dérivés, la vente en gros, le réseau de distribution en pharmacie, les questions d’import-export et de logistique. L’un des premiers investisseurs étrangers (une société canadienne, désireuse de créer sa filiale européenne) indique estimer sa première saison d’exploitation à 20 millions d’euros. On précise également que le Portugal est un pionnier en matière d’encadrement de la consommation de cannabis récréatif, puisque celle-ci est dépénalisée depuis 1993. La vente de la substance demeure toutefois prohibée.

Le Portugal en marge du marché CBD

Alors que la filière chanvre et CBD connaît un développement fulgurant partout dans le monde, les chanvriers portugais, eux, attendent paralysés. La réglementation ayant prévalu ces deux dernières années offrait des facilités administratives telles (permis d’exploitation délivré sur simple transmission d’un numéro de parcelle ainsi que d’un calendrier d’ensemencement et de récolte) qu’une filière complète, extrêmement rentable, a pu être montée, entre investissements importants et partenariats d’envergure. L’attente d’une nouvelle réglementation a mis tous ces acquis en stand-by, pour une durée indéterminée.

La compétence et l’image des chanvriers portugais, tout comme la compétitivité du territoire, sont très sérieusement entachées, aux dires de Lusicanna. Sans parler du manque à gagner et du retour sur investissement, eux aussi mis entre parenthèses.

Certains exploitants auraient par ailleurs préféré semer leurs graines, de manière à pouvoir honorer leurs commandes dans l’éventualité d’un dénouement de la situation d’ici la saison des récoltes. Un risque calculé ?

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