Un consortium d’universités et de centres de recherche britanniques menait la toute première étude IRM des effets des molécules THC et CBD sur le cerveau humain. Publiés en avril 2019 dans le Journal of psychopharmacology, les résultats montrent que la molécule CBD agit comme un inhibiteur du THC.
Observer l’action simultanée des molécules CBD et THC
Depuis les années 60, les effets du THC et du CBD sur l’organisme humain font l’objet de recherches constantes. Si les effets des deux cannabinoïdes présents dans le chanvre et le cannabis étaient bien connus isolément, on peinait jusque-là à comprendre leur réelle action combinée sur le cerveau.
L’équipe du docteur Wall (unité de psychopharmacologie, clinique de l’UCL, pilote du projet) est partie d’un constat : depuis 20 ans, les taux de dépendance et de psychose liés à la consommation de cannabis ont augmenté, tandis que les variétés contenant plus de THC sont plus courantes.
Un protocole de recherche innovant
Pour la première fois, les chercheurs ont procédé à la surveillance de l’activité cérébrale au repos de 17 sujets ayant consommé deux variétés de cannabis. L’une des deux variétés, à concentration de THC similaire, contenait plus de CBD. A lecture des images IRM obtenues, les chercheurs ont constaté que la variété à forte teneur en THC (variété Skunk) altérait la connectivité fonctionnelle du cerveau (région cingulaire postérieure du cerveau et réseau de saillance), tandis que la seconde ne causait qu’une perturbation minime.
Par ailleurs, les sujets ayant consommé la variété contenant plus de CBD n’ont pas témoigné d’effets aussi psychoactifs que les autres. En conclusion, le CBD interagit avec le THC en en contrecarrant les effets ; de ce fait, il protègerait le cerveau des effets psychoactifs provoqués par le THC.
Des résultats prometteurs
Le docteur Wall indique donc indirectement que les variétés de cannabis contenant plus de CBD sont moins nocives pour l’organisme. Il souligne également que le CBD est dans la capacité de rétablir certaines perturbations cérébrales, car son action provoque un mécanisme neuroprotecteur.
Le CBD pourrait donc intervenir comme potentiel traitement de pathologies psychiatriques telles que la psychose et la toxicomanie. C’est cette piste en particulier qu’il importe désormais de creuser.