On le cultive depuis le néolithique, en France jusqu’au début du XXe siècle, puis on l’a mis au placard. On le redécouvre depuis peu : le chanvre, cette plante aux nombreuses applications textiles, médicinales, thermiques et… écologiques. Les industriels sont désormais nombreux à y voir une alternative à certaines matières premières modernes. Des produits dits CBD aux cosmétiques nouvelle génération, le point sur une économie bien plus juteuse que subversive.
Un business à 360°, plutôt propre et rentable
Le chanvre (cannabis sativa) est cette plante issue de la famille des cannabacea, reconnue pour sa faible teneur en THC. Longtemps éclipsée par la réputation subversive de son cousin, le cannabis indica, voire confondue, elle revient aujourd’hui en force, portée par la prise de conscience environnementale.
Le chanvre est une plante aux multiples propriétés dites médicinales, mais pas que. Ses caractéristiques en font une plante cultivée rentable. Peu consommatrice d’eau, très productive sans pesticides ni engrais, tout ou partie est largement exploitable, la tige et les graines en particulier. Cette réputation écolo lui a permis de se (re)faire une place dans de nombreux secteurs : énergie (biocarburant), bâtiment (isolation thermique), agro-alimentaire, papeterie entre autres.
Le CBD et les produits cosmétiques
Les graines de chanvre sont riches en acides gras essentiels, desquels on extrait une huile à la fois diététique et très appréciée en cosmétologie, notamment pour son action sur la peau. Hydratante, anti-inflammatoire, réparatrice, cicatrisante, elle prête sa légitimité à des crèmes, gels douches, shampoings et autres douceurs pour le corps. Certains parfumeurs lui ont préféré ses fragrances, qui elles le sont, subversives, car bien reconnaissables…
Surtout, la récente légalisation du cannabis (récréatif et thérapeutique) dans certains pays, a ouvert la voie à un nouveau marché à fort potentiel : celui des produits dits CBD, qui viennent compléter une offre bien-être pourtant déjà bien fournie.
Le CBD (ou cannabidiol), molécule extraite du chanvre (donc ne contenant pas ou très peu de THC), vantée pour ses qualités relaxantes, anti stress, décontractantes, est aujourd’hui consommable en toute légalité via une palette de produits en constant renouvellement, e-liquides à cigarettes électroniques, huiles, cristaux, vaporisateurs, tisanes, confiseries, etc.
Les produits CBD, entre vérités et controverses
Depuis novembre 2018, de nombreux CBD shop ayant fleuris un peu partout en France ont fermé leur porte soudainement. En cause ? Des produits CBD ayant fait l’objet de contrôle de conformité avec la loi française, mais aussi des gérants de magasins inquiets des déboires rencontrés par certains commerçants. C’est toute la complexité de ce marché en plein boom : une substance controversée, malgré sa reconnaissance par la communauté scientifique, l’apparition continuelle de nouveaux produits et un cadre législatif en constante mutation.
En 2019, en France, la légalité du CBD est confirmée mais soumise à conditions. Le CBD doit provenir de variétés de chanvre inscrites au registre officiel, dont le taux de THC est inférieur à 0.2%. Par ailleurs, l’utilisation et la commercialisation des fleurs et feuilles de chanvre, ainsi que tout produit intégrant un CBD obtenu à partir de ces parties de la plante, sont interdites. De même que la valorisation d’une quelconque action thérapeutique, réservée à la profession pharmacienne.
Il compile rentabilité, bien-être et développement durable : le chanvre serait-il LA plante du futur ?
Bon à savoir : CBD et THC, une différence de taille
CBD et THC sont deux cannabinoïdes présents dans le chanvre et le cannabis. Contrairement au CBD, le THC, qui produit des effets psychotropes et éventuellement un phénomène d’addiction, est catégorisée substance stupéfiante. Il est donc interdit en France. Une étude de l’OMS, publiée en 2017, confirme que le CBD ne provoque aucun de ces effets. D’autres études ont par ailleurs mis en valeur ses qualités bénéfiques pour l’organisme.
- Le CBD interagit avec les récepteurs CB2 (relatifs au système immunitaire) tandis que le THC interagit avec les CB1 (action sur le système nerveux).
- Le CBD a une action anxiolytique alors que le THC stimule l’anxiété.