USA : la légalisation du cannabis devient un sujet phare de la campagne présidentielle 2020

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C’est encore un argument de poids en faveur de la légalisation des cannabis récréatif et thérapeutique aux États-Unis. Ce 29 juillet, sur Twitter, le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, annonçait avoir signé la déclaration de décriminalisation de la détention de cannabis dans l’Etat. Rappelons que la révision de sa position sur le sujet lui a valu, en 2018, sa troisième réélection au poste de gouverneur. Le cannabis, levier politique ? Voici pourquoi.

L’argument social : au nom de la réduction des inégalités

Décriminaliser le cannabis, c’est mettre fin à la discrimination des personnes de couleur, a avancé Andrew Cuomo. Et il n’est pas le seul ! Plusieurs personnalités politiques américaines ont admis que les peines encourues pour simple détention de cannabis ne faisaient qu’accroître les difficultés des populations les plus fragiles.

En effet, qui dit casier judiciaire, dit impossibilité de trouver un emploi et un logement, c’est-à-dire les conditions sine qua none de l’insertion sociale. C’est bien la partialité du système judiciaire en vigueur qui est pointée du doigt au fil des campagnes électorales, de même qu’une lutte anti-drogue systématiquement focalisée sur les minorités ethniques. Pourquoi un délit mineur serait-il si lourd de conséquences ? La justice sociale : tel est le premier défi politique à relever.

On précise que la loi de décriminalisation dans l’État de New York sera effective courant août 2019. Rétroactive, elle permettra à 24 000 ex-condamnés de bénéficier d’un effacement du délit sur leur casier judiciaire. Un système d’amendes remplacera les peines de prison actuellement encourues : 50$ pour possession de moins d’une once de cannabis (environ 30g) ; 200$ pour une à deux onces (30-55g environ). Au-delà de deux onces, des sanctions pénales seront maintenues.

L’argument économique : cannabusiness is business !

Avec les présidentielles de 2020, plusieurs candidats démocrates ont d’ores et déjà chacun leur projet de loi fédérale. Leur objectif commun : éliminer le cannabis de la liste des substances illicites aux États-Unis, le Controlled Substance Act. C’est la particularité américaine : plusieurs États ont statué sur le cannabis (dépénalisation, décriminalisation, légalisation), alors que détention et consommation de la substance demeurent cependant illégales d’un point de vue fédéral.

C’est pourquoi un projet de loi d’un autre genre a lui aussi été mis sur la table : le States Act, qui réduit considérablement l’autorité fédérale sur les États, et notamment à propos des programmes liés au cannabis. Ce n’est plus la justice sociale qui prévaut dans ce contexte, mais un tout autre défi politique : donner au cannabusinness les moyens de prendre son véritable envol ! Extrêmement porteur, le marché national, pour l’instant en stand-by du fait de la complexité de son cadre légal, serait à même de générer des profits considérables.

Un enjeu économique incontestable

Une équipe d’experts les estime à environ 80 milliards de dollars d’ici à 2030. De quoi, entre autres démonstrations pro légalisation, remplir les caisses de l’Etat… Enfin, ultime argument, il est désormais acté aux Etats-Unis que le consommateur de cannabis récréatif ne correspond plus aux clichés véhiculés autrefois. Le « fumeur de weed », en 2019, s’inscrit dans diverses catégories électorales de poids, comme n’importe quel autre consommateur.

La légalisation canadienne en 2018, la généralisation de l’usage thérapeutique sur le continent nord-américain, les résultats des études menées dans les Etats américains où la substance circule librement (retours économiques, recettes fiscales et réduction de la dépense publique, analyse des profils des consommateurs, etc.), tout cela a sans aucun doute changé la donne !

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